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NUMERO 3 .
CHAPITRE 1. QUESTIONS DE TEMPERATURE.
Notre agent, une vraie caricature.
A moitié chauve, un catogan crasseux
Une Philip-Morris allumée perpétuellement vissée au bec
Tee-shirt blanc, jean et veste noire
Comment fait-il pour avoir tous les jours
L’air de ne pas s’être rasé depuis 3 jours ?
Oui … Comment fait-il ?
Une vraie caricature d’agent,
Ses pilules pour le cœur et du speed pour son âme
C’est lui qui le dit.
Mais il a le cœur sur la main (et le portefeuille dessous),
Et puis il s’appelle Mario.
C’est un bon nom pour un agent, çà, Mario …
Oui … Comment fais-tu Mario ?
Par contre : il ronfle dans le tour-car.
Concert à Edinburgh demain soir
Eding-Borro comme dit Mario …
Le car ronronne sur les petites routes anglaises
- Moins cher que le l’autoroute. Oui. Je sais, Mario !
Routes vert mélancolie Ciel blues
J’ai posé ma strat sur le siège à coté de moi
J’essaye de m’extraire un peu de la vie de ma famille de route
Mes yeux flottent entre la fenêtre du car
Et un livre posé sur mes genoux
Un bon livre de S.F.
Mes yeux papillotent
Malgré la demi-pastille d’exta
Prise il y a une demi-heure
Je somnole …
J’aimerais tellement voir les murs avant de m’endormir
Tu sais. Ces petits murs éparpillés en étages
A moitié recouverts par la végétation
Briques disjointes
Séparant le pays des Scotts et des Pictes
Des Angles, Vikings et autres Saxons
Qui forment ce qu’on appelle les anglais.
Ouais ! Il y a aussi les Paquistanais et les Jamaïcains …
Mes yeux se ferment dangereusement
Un dernier regard à mon livre
« Will ! Will ! »
Dur de soulever une paupière
« Réveille-toi ! Regarde dehors !
Encore dans mon rêve ou remontée d’extasy ?
Non. C’est Mario qui me secoue l’épaule comme un forcené.
Pas cool.
- Ouais ! Quoi ? Qu’est ce que tu racontes ?
-Regarde dehors j’te dis ! »
Bon. Je tourne ma tête vers le carreau.
Rien de neuf sous le ciel gris.
Bien qu’épargnant le car, la brume noie le paysage alentour.
Ah si, les murs.
L’insignifiante frontière de l’ancienne Ecosse.
De loin en loin, je vois de petites excroissances
A demi-écroulées, pierres grises
Parsemées des incrustations
Aux multiples verts de la végétation …
Intéressante vision assurément
Dont les multiples implications métaphysiques
Se bousculent dans ma cervelle défoncée.
A ce moment Mario ouvrit la bouche :
« Tu vois la même chose que moi ? » me demande-il.
-j’sais pas. A peu prêt, je pense.
-j’parle pas des murs, là …
Tu vois ces sortes d’ombres derrière ?
-Ah oui, maintenant que tu me le dis.
-Ben, j’suis pas encore fou. Tu veux une goutte de Jack ?
Joignant le geste à la parole,
Il sort une flasque recouverte de cuir
De la poche intérieure de son veston
Et s’en envoie une lampée significative.
J’en profite pour m’allumer un petit spliff
De cette herbe thaïlandaise que Mario nous a dégotter à Londres.
C’est le plus fort, Mario.
Donc. Murs ou ombres ?
C’est le moment que choisit Herbert, notre bassiste,
Pour mettre un cd dans le réduit
Qui nous sert à la fois et de salle de réunion,
Dans l’arrière du car …
La voie de Willie Nelson s’enroule
En volutes aigres-douces dans l’atmosphère.
Apparemment, tous se trouvaient à l’arrière.
Personne aux fenêtres …
Seul Antoine, le maousse road-manager,
Au volant du tour-car avait pu apercevoir
La même chose que nous.
- On dirait des fantômes. Bizarre, non ?
Tu es sur que tu n’en veux pas une goutte ?
- Non. Merci. Je suis déjà au-dessus de la limite,
Et si tu n’étais pas là pour confirmer ce que je vois,
Je penserais l’avoir déjà dépassée …
Nous extirpant mollement des fauteuils,
Nous gagnons en titubant l’avant du car,
Apostrophant notre chauffeur.
« Eh, Antoine ! Tu n’as rien vu de bizarre sur la route ? »
Tortillant son imposante barbe rousse de ses gros doigts bagués de têtes de morts et de serpent, il murmure :
- Tu veux sans doute parler des ombres
Ressemblant à des fantômes,
Que nous croisons, dissimulées derrière les murets
Depuis un petit quart d’heure ?
- Genre ça, oui. Ca ne t’inquiète pas ces trucs ?
- Tu vois, moi, j’ m’occupe pas de ce qui se passe autour.
Mon volant. La route. Et hop ! Pas mon affaire.
Et si ca se rapproche : je sors le feu.
Et là, il éclate d’un rire tonitruant
Qui secoue sa bedaine construite à la bière,
Provoquant des ondulations sismiques du plus loufoque effet …
Mario, tanguant à son coté du haut de ses 1 m 62 et 54 kilos, intervient :
- Au fait les dudes, les fantômes,
ca ne serait pas censé ne pas exister ?
- Là, tu chipotes.
Et ce qu’on voit, c’est quoi, sinon ?
- Sait pas ! Des ombres, des esprits, des hallus …
- Hé ! Je ne prends rien quand je conduis, protesta le gros.
Et je les vois aussi bien que vous. Alors ?
- Bon ! Qu’est-ce qu’on fait ?
On prévient les autres ?
On s’arrête et on va voir ?
Mario et le Big One en chœur :
« T’es fou ! Certainement pas. »
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